Séance 3

 

TEXTES DE LA SÉANCE

Épigraphe 

 

HEGEL

 

1. La médiation

2. La lutte pour la reconnaissance 

3. Maîtrise et médiation

4. La servitude

5. Le travail

 

LEVINAS

 

1. L’idée de l’infini 

2. L’idée de l’infini comme désir

3. Je-Tu de l’amour  

4. Le Tu du commandement

5. Je-IL

 


 AUTORETRAT

 

No et plantis en el meu cor, rosa.

És massa vulnerable

per a poder-ho suportar.

         

ROSA VILANOVA



AUTOPORTRAIT

 

Ne te plante pas dans mon cœur, rose.

Il est trop vulnérable

pour que je puisse le supporter.

 

 (Tr. Lourdes Godoy)

 


 

HEGEL, Phénoménologie de l’esprit. Section : la conscience de soi

I. La médiation

Une telle nature universelle indépendante, dans laquelle la négation est comme négation absolue, est le genre comme tel, ou comme de soi. La conscience de soi atteint sa satisfaction seulement dans une autre conscience de soi
 (153).

 

II. La lutte pour la reconnaissance et son échec

La conscience de soi est être-pour-soi simple égal à soi-même en excluant de soi tout ce qui est autre; son essence et son objet absolu lui sont le Moiet dans cette immédiateté ou dans cet être de son être-pour-soi, elle est quelque chose de singulierCe qui est autre pour elle est objet comme objet inessentielmarqué du caractère du négatif. Mais l'autre est aussi une conscience de soi. Un individu surgit face à face avec un autre individu. Surgissant ainsi immédiatement, ils sont l'un pour l'autre à la manière des objets quelconques; ils sont des figures indépendantes et, parce que l'objet étant s'est ici déterminé comme vieils sont des consciences enfoncées dans l'être de la vie, des consciences qui n'ont pas encore accompli l'une pour l'autre le mouvement de l'abstraction absolue, mouvement qui consiste à extirper de soi tout être immédiat, et à être seulement-le pur être négatif de la conscience égale à soi-même. En d'autres termes, ces consciences ne se sont pas encore présentées réciproquement chacune comme pur être-pour-soi, c'est-à-dire comme conscience de soi. Chacune est bien certaine de soi-même, mais non de l'autre; et ainsi sa propre certitude de soi n'a encore aucune vérité (…) Selon le concept de la reconnaissance, l'autre objet doit accomplir en soi-même pour le premier, comme le premier pour l'autre, cette pure abstraction de l'être-pour-soi, chacun l'accomplissant par sa propre opération et à nouveau par l'opération de l'autre. Se présenter soi-même comme pure abstraction de la con- science de soi consiste à se montrer comme pure négation de sa manière d'être objective, ou consiste à montrer qu'on n'est attaché à aucun être-là déterminé; pas plus qu'à la singularité universelle de l'être-là en général, à montrer qu'on n'est pas attaché à la vie. (…) Chacun tend à la mort de l'autre. (…) Le comportement des deux consciences de soi est donc de telle sorte qu'elles se prouvent elles-mêmes et l'une à l'autre au moyen de la lutte pour la vie et la mort. Elles doivent nécessairement engager cette lutte, car elles doivent élever leur certitude d'être pour soi à la 'vérité, en l'autre et en elles-mêmes. C'est seulement par le risque de sa vie qu'on conserve la liberté, qu'on prouve que l'essence de la conscience de soi n'est pas l'être, n'est pas le mode immédiat dans lequel la conscience de soi surgit d'abord, n'est pas son enfoncement dans l'expansion de la vie (…). L'individu qui n'a pas mis sa vie en jeu peut bien être reconnu comme une personnemais il n'a pas atteint la vérité de cette reconnaissance comme d'une conscience de soi indépendante (158-159).

Mais cette suprême preuve par le moyen de la mort supprime précisément la vérité qui devait en sortir, et supprime en même temps la certitude de soi-même en général. En effet, comme ]a vie est la position naturelle de la conscience, l'indépendance sans l'absolue négativité, ainsi la mort est la négation naturelle de cette même conscience, la négation sans l'indépendance, négation qui demeure donc privée de la signification cherchée de la reconnaissance. Par le moyen de la mort est bien venue à l'être la certitude que les deux individus risquaient leur vie et méprisaient la vie en eux et en l'autre; mais cette certitude n'est pas pour ceux mêmes qui soutenaient cette lutte. Ils suppriment leur conscience posée dans cette essentialité étrangère, qui est l'être-là naturel, ou ils se suppriment eux-mêmes, deviennent supprimés en tant qu'extrêmes voulant être pour soi. Mais de ce jeu d'échange disparaît également le moment essentiel. (…) Leur opération est la négation abstraite, non la négation de la conscience qui supprime de telle façon qu'elle conserve et retient ce qui est supprimé; par là même elle survit au fait de devenir-supprimée
.

 

AUFHEBUNG

Dans cette expérience, la conscience de soi apprend que la Vie lui est aussi essentielle que la pure conscience de soi. 


3. Maîtrise et médiation

 

Le maître est la conscience qui est pour- soi, et non plus seulement le concept de cette conscience. Mais c'est une conscience étant pour soi, qui est maintenant en relation avec soi-même par la médiation d'une autre conscience, d'une conscience à l'essence de laquelle il appartient d'être synthétisée avec l'être indépendant ou la choséité en général. 

Le maître se rapporte médiatement à l'esclave par l'intermédiaire de l'être indépendant; car c'est là ce qui lie l'esclave, c'est là sa chaîne dont celui-ci ne put s'abstraire dans le combat. Mais le maître est la puissance qui domine cet être, car il montra dans le combat que cet être valait seulement pour lui comme une chose négative; le maître étant la puissance qui domine cet être, cet être étant la puissance qui domine l'autre individu, dans ce syllogisme le maître subsume par là cet autre individu. Pareillement, le maître se rapporte médiatement à la chose par l'intermédiaire de l'esclave; l'esclave; comme conscience de soi en général, se comporte négativement à l'égard de la chose et la supprime; mais elle est en même temps indépendante pour lui, il ne peut donc par son acte de nier venir à bout de la chose et l'anéantir; l'esclave la transforme donc seulement par son travailInversement, par cette médiation, le rapport immédiat devient pour le maître la pure négation de cette même chose ou la jouissance. Il abandonne le côté de l'indépendance de la chose à l'esclave, qui l'élabore (161-162).


 La vérité de la conscience indépendante est la conscience servile (163). 

4. La servitude

Tout d'abord, pour la servitude, c'est le maître qui est l'essence: sa vérité lui est donc la conscience qui est indépendante et est pour soi. (…) Toutefois, elle a en fait en elle-même cette vérité de la pure négativité et de l'être-pour-soi; car elle a fait en elle l'expérience de cette essence. Cette conscience a précisément éprouvé l'angoisse non au sujet de telle ou telle chose, non durant tel ou tel instant, mais elle a éprouvé l'angoisse au sujet de l'intégralité de son essence, car elle a ressenti la peur de la mort, le maître absolu. Dans cette angoisse, elle a été dissoute intimement, a tremblé dans les profondeurs de soi-même, et tout ce qui était fixe a vacillé en elle. Mais un tel mouvement, pur et universel, une telle fluidification absolue de toute subsistance, c'est là l'essence simple de la conscience de soi, l'absolue négativité; le pur être-pour-soi, qui est donc en cette conscience même.

  

5. Le travail

Le travail, au contraire, est désir réfréné, disparition retardée: le travail forme. Le rapport négatif à l'objet devient forme de cet objet même, il devient quelque chose de permanent, puisque justement, à l'égard du travailleur, l'objet a une indépendance. Ce moyen négatif, ou l'opération formatrice, est en même temps la singularité ou le pur être-pour-soi de la conscience. Cet être-pour-soi, dans le travail, s'extériorise lui-même et passe dans l'élément de la permanence; la conscience travaillante en vient ainsi à l'intuition de l'être indépendant, comme intuition de soi- même (165).  

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